Il y a des villes qui déclenchent un sentiment immédiat de familiarité. C’est ce que j’ai ressenti en entrant dans Odense, la ville principale de la Fionie, une des grandes îles du Danemark. A quoi cela tenait ? Sans doute à ses charmantes ruelles pavées, l’absence de voitures, l’apparente décontraction de ses habitants, ses parcs invitant à la méditation et au repos, le ballet silencieux des tramways, des bus et des vélos. Le soleil qui faisait éclater les couleurs des façades rouges des immeubles renforçait ce sentiment. Tout cela produisait chez moi la certitude qu’il devait être agréable de vivre à Odense.
Le coeur à partir à partir duquel la ville s’est organisée, c’est la place de l’hôtel de ville où se prélasse une grande statue en bronze. Il me suffisait de traverser la place pour visiter la cathédrale gothique, ce que je fais dans toute ville importante. Sa visite s’imposait à l’évidence par la présence d’un trésor constitué par un magnifique triptyque, derrière l’autel et l’existence d’une crypte où est inhumé le saint qui a donné son nom à la cathédrale.
C’est en me promenant en contre-bas de la cathédrale que j’ai découvert le “Jardin des Fées”, parc dont le nom est lié à l’enfant de la cité, Hans Christian Andersen. Le célèbre écrivain de contes a eu droit à sa statue érigé dans le même parc. La ville a fait plus en célébrant Andersen par l’ouverture d’un musée en 2021. Je me suis promis de le visiter avant mon départ.
J’ai poursuivi ma visite de la ville en empruntant la grande artère piétonne “Vestergade”, très animée et bordée d’enseignes variées, dont de vastes magasins de meubles danois. J’apprécie le design scandinave qui incarne à la perfection le caractère tempéré des scandinaves, mais avec une réserve : je trouve qu’il manque de fantaisie.
C’est en remontant la rue que je suis tombé sur le passage “Vintapperstrade”, une ruelle ancienne abritant aujourd’hui restaurants et cafés. Je me suis attablé à une terrasse pour boire une bière danoise. Une autre personne était aussi attablée à l’autre extrémité de la table, portant à sa bouche une pinte de bière, elle aussi. Nous avons engagés la conversation en anglais - je ferai le constat que tous les danois que j’ai rencontrés maîtrisaient parfaitement l’anglais -.
Pour une raison inexplicable, j’ai ressenti une vraie sympathie pour Soren, un lointain descendant des vikings, ai-je pensé. Nous nous sommes donnés rendez-vous le lendemain au musée d’art “Brandts”, puis dans un restaurant, non pas danois comme j'aurai pu m'y attendre, mais italien. Le jour d’après, nous avons donc visité le musée d’art possédant une collection permanente de peintres danois, collection assez modeste.
Puis nous avons retrouvé son amie Vibeke au restaurant italien et nous sommes restés des heures à parler de nos vies. Soren m’a parlé notamment de son rapport à la France : un de ses frères vit sur la Côte d’Azur. C’est avec émotion que nous nous sommes quittés,
Le lendemain, je suis allé visité le musée Andersen, un superbe écrin de bois et de verre, enserré dans un grand jardin. La visite m’a plongé dans l’univers onirique et féérique d’Andersen. Le musée jouxte un vieux quartier dans lequel la maison natale de l’écrivain a été sauvegardé.
Je me suis souvenu que dans mon enfance, j'avais lu un conte d'Andersen, "La petite fille aux allumettes" , qui me plongeait dans une grande tristesse, et pourtant je l'ai lu et relu. En m'identifiant à cette petite fille, c'est peut-être avec Andersen qu'est née chez moi la notion d'injustice.
Je suis repassé une dernière fois sur la place centrale. Il y avait là un rassemblement très pacifique en soutien aux palestiniens organisé autour de stands vendant des vêtements et objets divers. Ce qui m’a frappé, c’était l’absence totale d’agents de police sur la place et la bienveillance des passants. Pour moi, cela dénotait une grande maturité de la démocratie danoise.
Je quitterai peu après Odense avec le sentiment double que j’étais à ma place dans cette ville et surtout d’avoir fait une belle rencontre empreinte de sympathie.
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