La route du Littoral mérite bien son nom. Entre Trondheim et Bodo, le voyageur est invité à découvrir des paysages maritimes et terrestres d’une beauté sidérante. Ce qui est surprenant dans ce trajet, c’est que le voyageur, tenté de s’approcher du bord de mer est assez vite déconcerté par le fait que son horizon est barré par une multitude d’îles et d’îlots. Il se pose sans cesse la question : où est la mer ? On comprend rapidement que la route du Littoral a été construite par tronçons et qu’elle enjambe les bras de mer grâce à des ouvrages d’art en sautant d’île en île. Et quand la route s’interrompt, c’est un ferry qui prend le relais en assurant ainsi la continuité du voyage.
Il se trouve que j’ai parcouru cette route en deux périodes. Une partie de mon voyage s’est faite au mois de juin à l’aller entre Trondheim et Sandnessjoen par mauvais temps et la deuxième partie au nord de la première, je l’ai accompli à mon retour au mois de juillet depuis Bodo sous un soleil éclatant.
Confronté au mauvais temps, la mer, le ciel, les montagnes nous apparaissent hostiles et laides. La nature exprime alors toute sa brutalité contre laquelle nous sommes impuissants. C’est bien cela qu’il faut accepter et c’est difficile : perdre le contrôle sur le voyage que nous avions planifié au départ. Seul mon camping-car m’offrait une protection contre le vent et la pluie. Me revenait en mémoire une énorme tempête en 2023 qui s’était abattu sur l’Ecosse et qui secouait mon camping-car, grinçant sans retenue. C’est ainsi que j’ai parcouru la route entre Trondheim et Sandnessjoen, sous une pluie battante. En arrivant au massif très connu des Sept Soeurs, juste avant Sandnessjoen, j’avais le projet de faire l’ascension d’une des soeurs. Le ciel bas et une pluie pénétrante en ont décidé autrement. C’est à ce moment que j’ai décidé de quitter la route du littoral, prendre la route E6 qui est un axe important qui relie le sud au nord du pays. Récit en images.
Je suis arrivé à Bodo par beau temps un dimanche et c’était jour de fête. Si Bodo est une ville sans grand attrait au niveau de son architecture - elle a subi pendant la dernière guerre de nombreuses destructions -, la simple apparition du soleil la rendait séduisante. Une grande partie de la ville a été reconstruite, en témoigne la cathédrale en béton avec son clocher déporté. La première fois que je voulais la visiter, j’en été empêché par une cérémonie de mariage joyeuse. C’est durant le dernier jour à Bodo que je pourrai enfin y entrer.
A Bodo, il ne faut surtout pas passer à côté de la superbe bibliothèque face à la marina, dont l’intérieur invite non seulement à la lecture, mais aussi à la méditation ou tout simplement au repos. C’est à Bodo que j’assisterai à mon premier soleil de minuit, profitant de ma position élevée au-dessus de la ville.
Bodo fut ma porte d’entrée vers l’archipel des Lofoten. J’en ai rendu compte lors d’un précédent récit.
Un mois après, sur le trajet de mon retour, j’ai rebouclé une partie de mon voyage en revenant à Bodo. Le soleil étant au rendez-vous, j’entrepris alors de passer par la route du Littoral sur sa partie nord, celle-là même que je ne connaissais pas. Bien m’en a pris. Cette route est un enchantement, déroulant tout au long de son parcours montagnes enneigées et fjords luisant sous le soleil, C’est du pont Saltstraumen que j’assisterai au spectacle du courant puissant témoignant du phénomène de marée. C’est aussi sur cette route que l’on peut découvrir de nombreux glaciers. Je me rapprocherai de l’un d’entre eux, un des plus connus, le glacier Svartisen. Pour m’en approcher, je traverserai un fjord à bord d’un ferry. Ce glacier, comme tous les glaciers dans le monde entier, a connu un recul très important depuis 300 ans.
Cette journée a sans doute une de mes meilleures journées de mon voyage en Norvège. J’ai décidé de passer le nuit sur une ïle, au bord d’un fjord pour savourer cette journée. J’ai franchi sans m’en rendre compte le cercle polaire.
La route du Littoral m’a ramené au massif des Sept Soeurs, et là je sentais que c’était le bon moment pour faire l’ascension d’une des montagnes. Sur un terrain difficile sans sentier, j’ai grimpé sur des parois rocheuses, résultant du travail des glaciers qui couvraient la plus grande partie de la Norvège il y a dix mille ans. La récompense était en haut du col, Je ne suis pas allé plus loin vers l’une des deux montagnes potentiellement accessibles, la progression aurait été plus proche de l’escalade que de la marche.
Content enfin d’avoir réalisé cette ascension, j’ai terminé ma journée dans la ville de Sandnessjoen. Il n’y avait pas grand monde dans les rues. J’ai eu plaisir à découvrir quelques fresques murales de grande qualité, un centre culturel et sportif à l’architecture moderne et, plus inattendu, une grande maison qui appartenait à un fermier à l’époque viking.
La boucle était bouclée.
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