En roulant vers le mur d’Hadrien qui traverse le nord de l’Angleterre d’est en ouest, je pensais en moi-même que, dans tous les pays européens que j’ai traversés durant mon périple européen, je ne pouvais échapper à l’histoire romaine. Ils ont aussi laissé de nombreux vestiges en Angleterre, comme les thermes de Bath et le mur d’Hadrien qui sont des témoignages éclatants de leur maitrise architecturale..
Un petit rappel historique : l’empereur Hadrien a décidé la construction d’un mur en 122 après JC, pour protéger les frontières de l’empire du danger que représentaient les “barbares” qui habitaient l’Ecosse actuelle. Vingt ans plus tard, un autre empereur, Antonin le Pieux fera construire un deuxième mur, plus au nord, au niveau d'Edimbourg.
La route que j’ai empruntée entre Carlisle et Newcastle longeait plus ou moins l’ancien mur, en tout cas ce qu’il en restait. Il subsiste encore quelques portions du mur, mais ce qui a mieux résisté à l'épreuve du temps, c'est une série de forts, accolés au mur et dont les fouilles archéologiques ont exhumé les fondations et des objets du quotidien.
C’est l’un de ses forts que je visiterai, “Housesteads” qui étonne par ses dimensions. Un millier de soldats y vivaient. C’est donc une véritable ville que les romains avaient érigée, avec l’unique but de protéger l’empire des attaques des tribus du nord. Les soldats attendaient souvent des années, voire des dizaines d’années la révolte de ces tribus, comme dans “Le désert des Tartares” de Dino Buzzati.
Quelle force morale a-t-il fallu à ces romains, isolés dans une contrée hostile à guetter des menaces permanentes et invisibles dans un climat hivernal rude ? Après 300 ans d’occupation, les romains, quittèrent l’Angleterre, confrontés à de grands menaces sur le continent. Cependant des soldats et des civils restèrent, se fondant dans les populations locales. Il y a sans doute du sang romain dans les veines des anglais d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, le mur est inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. De nombreux touristes arpentent les allées et les fondations des fortifications. Un certain nombre d’entre eux entreprennent de longer le mur de Carlisle à Newcastle, sur un sentier aménagé de 150 kms. Je les croiserai souvent en empruntant une route parallèle avec mon véhicule. C’est lors d’une halte que j’aurai le plaisir d’échanger quelques mots avec trois randonneuses, Ornella, Anita et Madeleine, d’origines italienne et autrichienne. J’aurai fait volontiers un bout de chemin avec elles.
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