Dublin, l’ultime étape de mon périple

J'étais très heureux de terminer mon voyage par Dublin, que je rêvais de découvrir depuis longtemps. En approchant avec le tramway, j'apercevais la grande flèche en acier de 120 m qui semble marquer le point central de la ville. C’est une sculpture qui contraste par sa modernité avec l’architecture classique du boulevard sur lequel elle a été dressée. Renseignements pris, cette sculpture a été érigée en 2003 pour célébrer le renouveau de la ville. Elle porte le nom de Monument à la Lumière.

A partir de cette flèche, la question de mon parcours de visite de la ville s’est posée : par quoi commencer ? C’est l’existence du fleuve Liffey, qui coupe la ville en deux qui m’a donné la solution. Je commencerai d’abord par la partie nord de la ville puis je visiterai les quartiers au sud du fleuve.

En m’éloignant de la flèche, je fus accueilli par la statue de James Joyce regardant un point imaginaire dans le ciel. J’étais impressionné par la renommée de l’écrivain, qui fut de son vivant couronné par un Nobel. En parcourant l’Irlande, j’ai découvert que le pays avait produit une cohorte d’écrivains de génie, comme Samuel Beckett ou William Butler Yeats eu égard à sa population restreinte de 7 millions d’habitants. Dublin les a d’ailleurs honoré par un musée, le Museum of Literature.

C’est en remontant une des grandes artères de Dublin vers le nord que je suis tombé sur le Jardin du Souvenir qui a été créé pour honorer la mémoire des irlandais tombés pendant le soulèvement de 1916 contre les anglais. Une très belle sculpture domine ce jardin.

A deux pas du jardin, il faut absolument rentrer dans la Dublin City Gallery The Hugh Lane, consacrée à l’art moderne. On y trouve une belle collection de tableaux impressionnistes français ainsi que de nombreuses peintures irlandaises. Le vitrail peut être considéré comme un art à part entière. La petite salle qui lui est consacrée le démontre avec éclat. Et puis Andy Wharhol était présent avec une grande exposition temporaire qui faisait la part belle à sa production de films et à ses oeuvres sérigraphiques.

Je me suis ensuite hâté de rejoindre les bords de la rivière Liffey en longeant sa berge nord. J’ai alors aperçu assez loin le quartier des docks où ont surgi dans les années 1990 nombre de bureaux abritant des sociétés financières et de centres commerciaux. Un trois-mâts témoigne de l’époque de la Grande Famine qui a ravagé l’Irlande au 19ème siècle, ce qui entraina l’émigration d’un million d’irlandais vers le Nouveau Monde. Mon attention a été attirée par la belle façade à colonnades du Custom House, qui abrite aujourd’hui des services municipaux.

C’est par une passerelle élégante en fer que j’ai franchi la rivière et me suis engouffré dans les ruelles d’un quartier très festif de Dublin, le Temple Bar avec ses centres culturels, ses pubs, ses restaurants, promesse de soirées animées. C’est là que je rencontrerai quelques étudiants parisiens, Guillaume, Julie et Maëlle dans un centre d’exposition dédié à la photographie. Ils venaient le temps d’un week-end découvrir la ville.

C’est au lendemain que j’ai reporté la visite du sud de la ville, le coeur historique de la capitale avec son musée, son château, son espace universitaire et ses parcs.

Mes pas m’ont d’abord conduit dans le grand ensemble universitaire fondé au 16ème siècle et qui s’est construit autour du Trinity College, célèbre établissement qui a vu s’assoir sur ses bancs Samuel Beckett et Oscar Wilde entre autres. Au milieu de la cour, se dresse un campanile. On peut aussi visiter sa vieille bibliothèque, qui compte parmi les plus importantes de Grande-Bretagne.

J’ai poursuivi mon parcours vers les grands parcs de la ville, magnifiques en cette saison automnale, comme le St Stephen Green et le Merrion Square. Ce dernier accueille la statue d’Oscar Wilde, dans une pose nonchalante, cultivant toujours son image de dandy qu’il avait de son vivant.

Tout près du St Stephen Green, mon attention a été attirée par la Mansion House, belle résidence datant du 19ème siècle et qui a abrité le premier parlement irlandais en 1919 ainsi que le beau palace The Shelbourne Hotel, dont les statues extérieures d’inspiration égyptienne ont été créées par un artiste français.

C'est un quartier qui a conservé ses belles demeures de l'époque georgienne

Ma journée s’est conclu par la visite du grand musée d’art, le National Gallery. Le bâtiment abrite sur tout un étage les tableaux des peintres irlandais des 18ème et 19ème siècle. Le musée rend aussi hommage à son grand peintre du début du 20ème siècle, Jack Butler Yeats et ses magnifiques tableaux emplis de couleurs et de mouvements. J’étais ému de retrouver ce peintre que j’avais découvert dans le petit musée de Sligo, sur la côte Ouest de l’Irlande.

Le musée abrite également une impressionnante collection des grands maîtres européens, français, flamands, espagnols, italiens et allemands. Mon intérêt s’est porté avant tout sur la peinture impressionniste et moderne française, qui a tant influencé les peintres irlandais de la même époque.

En sortant du musée, la nuit était tombée et il était temps que je rejoigne mon campement de nuit.

J’avais remis au lendemain la visite du château et de la cathédrale. Mais la météo en décida autrement. Le dernier jour de mon voyage en Irlande, une tempête traversa l’e pays. Cela eut une conséquence imprévue pour moi : un arbre s’était couché sur la ligne de tramway qui devait me conduire jusqu’alors au centre de Dublin. Il fallait que je renonce à mes visites du jour. J’ai pris alors la décision de prendre la route du sud, vers Rosslare, mon port d’embarquement vers Cherbourg. Pendant le trajet, c’est Sinëad O’Connor, grande chanteuse irlandaise à la voix sublime et au regard clair, décédée durant l’été, qui accompagna la fin de mon périple de quatre mois.