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Derry (LondonDerry), un passé qui ne passe pas partout

Photo du rédacteur: christianhuteau44christianhuteau44

En arrivant à Derry, j’ai été tout de suite happé par le poids de l’histoire tragique de l’Irlande du Nord, avec une plus grande intensité qu’à Belfast. La mémoire du conflit entre les communautés catholique et protestante et avec le pouvoir anglais est toujours vivante, particulièrement dans le quartier catholique du Bogside. Dans les années 70, des slogans politiques ont fait alors leur apparition sur les murs, puis d’immenses fresques murales firent le récit des évènements tragiques de la ville.

Le déclenchement des affrontements intercommunautaires a eu lieu ici le 30 janvier 1972. Une manifestation d’habitants de Bogside, majoritairement catholiques, exigeant le respect de leurs droits civiques a été durement réprimé par l’armée anglaise. Il y eu treize morts. Cet événement tragique, le “Bloody Sunday” inaugura une période de 25 ans de conflits et d’attentats entre les communautés catholique et protestante, et surtout contre les autorités anglaises qui finirent par être considérés comme un occupant.



C’est en 1998 qu’un accord de paix fragile fut signée entre les ennemis d’hier. La fracture entre les communautés ne s’est pas complètement refermée, elle s’est traduite par une séparation géographique : les catholiques habitent majoritairement à l’ouest de la ville et les protestants à l’est.

Les affrontements firent place alors à la mémoire. Des artistes sont intervenus pour rappeler que les enfants et les femmes furent aussi enrôlés dans ce combat et qu’ils en furent les victimes innocentes. Des hommes et des femmes de tous bords se sont aussi levés pour maintenir un dialogue pacifique entre les communautés : des fresques en témoignent toujours.





Un mémorial fut érigé pour honorer les figures marquantes de l’IRA, notamment celle de Bobby Sands.

En me remémorant l’histoire de ce conflit et en découvrant le récit qui en est fait sur les fresques, je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec le conflit israélo-palestinien. D’ailleurs, un des partis catholiques de l’époque, l’IRA, affichait son soutien explicite à la lutte des palestiniens. Ce soutien se manifeste toujours. Le monument qui met en exergue le slogan catholique le plus emblématique de la période des troubles “You are now entering the Free Derry”, s’est couvert récemment de tags avec la réactivation actuelle du conflit israélo-palestinien. Pendant mon passage à Derry, j’assisterai d’ailleurs à une manifestation de soutien à la Palestine, devant l’hôtel de ville.


Aujourd’hui, la ville semble faire table rase du passé. Et pourtant, dans sa construction même, Derry garde les traces de l’antagonisme entre les habitants de souche de l’Irlande, parlant le gaëlique et les anglais qui avaient colonisé le territoire. En effet , la ville historique est entourée de remparts très bien restaurés qui furent construits au 17ème siècle par les colons anglais. Il est possible de faire le tour de la ville en marchant sur les murailles, ce que je m’empresserai de faire, favorisé par un soleil éclatant.



J’ai découvert que la ville possédait un riche patrimoine historique. Un des plus emblématiques est l’hôtel de ville, le Guildhall construit en 1890 dans un style néo-gothique. Moi qui suis quelque peu hermétique à l’architecture anglaise, je dois avouer que j’ai été séduit par cet édifice à la façade finement sculptée. L’intérieur est magnifique avec un orgue monumental et des vitraux de toute beauté. Les troubles des années 70 n’ont pas épargné le bâtiment, l’IRA y a fait exploser une bombe en 1972, ce qui a nécessité ensuite des travaux de restauration, des vitraux notamment.




Il y a bien d’autres édifices à visiter comme la tour qui abrite un musée passionnant sur l’histoire de la ville ou la cathédrale St Columb, qui a gardé comme une relique un boulet de canon, témoin du siège de Derry de 1689.


Aujourd’hui, la ville connait un apaisement des tensions communautaires et la passerelle qui franchit le rivière Foyle, bien nommée Peace Bridge est un beau symbole de réunification.


Un signe de renouveau culturel m’a été donné par une fresque, très différente de celles que j’avais vues jusqu'alors : quatre adolescentes et un adolescent aux regards expressifs. Quel en était le sens ? Je l’ai compris le lendemain. Il s’agit de personnages d’une série télévisée irlandaise, très connue “The Derry Girls” dont l’histoire se déroule dans les années 90, en plein conflit inter-communautaire.

Et pour conclure, je me suis posé une question : pourquoi la ville portait un double nom. Et bien, Derry est le nom revendiqué par les Irlandais, Londonderry est celui que leur avaient donné les colons anglais, comme si cette ville avait du mal à échapper à son passé conflictuel.



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