En entrant dans Aarhus, deuxième grande ville du Danemark, j’étais gagné par l’atmosphère animée et décontractée de son centre-ville. Ma halte à Aarhus était motivée par le désir de visiter deux sites : le musée en plein air appelée la “Vieille Ville” et le musée des Beaux-Arts. Ces deux emblèmes de la ville apportaient la démonstration qu’elle avait su conjuguer son passé viking et médiéval avec des formes culturelles modernes.
La “Vieille Ville” constitue un musée dont je ne connais pas d’équivalent en France. Pendant quatre heures, j’ai parcouru les rues de ce musée, appareil photo en main. On peut parler de rues au sujet de ce musée puisqu’il est constitué de 80 maisons environ qui proviennent de différentes villes danoises sur une période qui va du 18ème siècle au 20ème siècle. Ces maisons ont d’abord été démontées, puis reconstruites soigneusement dans ce musée. Des maisons d’habitation et des boutiques ont repris vie ici : fermes, boulangerie, épicerie, garages, bibliothèque, commerce de télévision, agence de voyage....et reconstituent ainsi une ville d’autrefois.
Dans les intérieurs, une foule d’objets et de produits donnent une impression d’authenticité, sentiment redoublé grâce à la présence de figurants costumés. J’ai terminé ma visite en entrant dans un bâtiment, “Aarhus Story” proposant un parcours interactif qui nous plonge dans le passé de la ville depuis l’époque viking.
Après ce musée en plein air qui m’a laissé un peu étourdi par l’accumulation d’un tel patrimoine, j’avais besoin de m’aérer. Je suis donc retourné en centre-ville en longeant la rivière Aarhus, ce qui m’a ramené sur un quai où abondaient les terrasses de café. Le soleil aidant, l’atmosphère avait un parfum de nonchalance estivale.
J’ai remonté la rue commerçante principale de la ville, la rue Sendegarde où les piétons se déplaçaient nonchalamment. L’empressement de la foule, je l’ai retrouvé à la gare ferroviaire où la plupart des gens pressaient le pas -comme en France, les trains danois partent à l’heure en général. C’est à ce moment que j’ai ressenti une des grandes surprises de ma journée. Le long de la rue, des centaines de vélos étaient montés sur des portiques. C’était déjà impressionnant par la quantité de bicyclettes qui se trouvaient là. Mais le plus surprenant était de constater que la plupart d’entre elles n’était pas attaché par un cadenas. Je me suis dit qu’il fallait une grande confiance entre danois pour laisser leur vélo en liberté.
En arrivant sur le parvis de la cathédrale, j’ai croisé Christian X, fièrement perché sur son destrier, il fut roi du Danemark au début du XXème siècle. Un petit rappel historique : la dynastie royale toujours au pouvoir aujourd'hui remonte aux rois vikings du XIème siècle.
Je n’ai pas voulu résister à la visite de la cathédrale, comme je le fais dans chaque ville. Chacune abrite très souvent des trésors qui lui sont propres. Ce jugement s’est confirmé avec la cathédrale d’Aarhus. J’y ai découvert des fresques magnifiques du XVème siècle, qui ont miraculeusement survécu aux dégradations du temps ainsi qu’un retable magnifiquement sculpté. Mais le souvenir que j'aurai de cette cathédrale, c'est la présence de jeunes femmes avec leurs bébés qui chantaient et dansaient.
Une autre attraction remarquable d’Aarhus, c’est le musée des Beaux-Arts, reconnaissable à sa couronne circulaire arc-en-ciel qui coiffe le bâtiment. Bâtiment qui a 20 ans d’existence et qui a été conçu par un grand nom de l’architecture. Le vaste hall très éclairé permet d’accéder par un escalier circulaire aux différents niveaux du bâtiment. J’ai pu admirer une belle collection de peintures danoises autour du thème de la nature. Le musée organise aussi des expositions d’art contemporain, avec deux artistes mondialement connus, Richard Mortensen et Ron Mueck, présent avec sa sculpture monumentale “Boy”.
Mais le clou du musée, pour moi, c’était son toit. Je tenais à rentrer dans l’oeuvre d’un artiste danois dont j’admire le travail, Olafur Eliasson. La couronne dont il a coiffé le musée offre un panorama coloré sur la ville, générant un trouble de la perception. La couleur est une composante très importante dans le travail d’Olafur Eliasson. Très modestement, je partage avec lui cet intérêt pour la couleur dans mes propres clichés photographiques.
Ravi d’avoir été découvert ce musée qui est aussi intéressant par le bâtiment lui-même que par les oeuvres qu’il contient, j’ai poursuivi ma rencontre avec la ville en découvrant au fil de mes pérégrinations de nombreuses sculptures et fresques murales. Après ces quelques jours passés à Aarhus, j’ai compris pourquoi la ville avait été désignée en 2017 capitale européenne de la culture.
